Charité bien ordonnée commence par soi-même… C’est pourquoi, comme directrice adjointe du CRD de Bourg-la-Reine/Sceaux (et ancienne professeure de piano), j’ai souhaité découvrir ce que l’ARIAM et Fabien Cailleteau proposaient dans la formation Piano ma non solo.
Une des tâches la plus ardue des directeurs de conservatoire est peut-être celle d’accompagner l’équipe pédagogique dans le changement.
En effet, lorsque l’on a en face de soi un professeur expérimenté, qui, depuis des années propose des solutions satisfaisantes, ou relativement satisfaisantes, il faut avoir de solides arguments à avancer ! Comment entrainer un enseignant, désireux de bien faire, dans des voies qu’il ne connaît pas et dont il ne sait pas exactement où elles le mèneront ? Le changement ne se fait-il pas que lorsque l’on y est aculé ?
Le directeur pourra toujours présenter quelques chiffres ou statistiques pour aider l’enseignant à comprendre pourquoi il doit développer ou diversifier certains aspects de son enseignement : trop d’abandons en second cycle, de très nombreuses demandes de parcours personnalisés ou allégés, de nombreux entretiens avec des adolescents démotivés, et parfois l’échec et/ou l’exclusion du conservatoire en fin de cycle.
Après avoir suivi ce stage Piano ma non solo, je crois que j’essaierai plutôt de réactiver « la flamme créative » de l’enseignant, voire lui redonner le « gout du risque ». Nous le savons tous, enseigner certaines bases à plusieurs enfants à la fois plutôt que de répéter le même discours plusieurs fois dans la même journée permet de « gagner » un temps précieux. Utiliser ce temps « gagné » à développer d’autres qualités chez les élèves ne fait-il pas aussi partie de nos missions de service public ? Tenir un canon à trois ou quatre voix sans se perdre, improviser sur un mode donné, proposer un passage à l’écriture pour des objets sonores précis, prendre le temps d’interroger l’élève sur les musiques qu’il écoute et chercher des arrangements avec lui, ces propositions ne sont-elles pas aussi importantes dans la formation des amateurs ? Rares sont les professeurs qui ont eu la chance d’expérimenter de telles pistes lors de leur apprentissage… Mais est-ce une raison pour en rester toujours éloigné ?
Evidemment, l’enseignant doit prendre du temps à préparer soigneusement la séance. A la place d’un cours « descendant », il y aura échange, partage, enrichissement, et valorisation de tous, des plus brillants à ceux qui auraient tendance à rester au bord du chemin. A notre époque où la connaissance semble se propager de manière plus horizontale que jamais, les enseignants doivent prendre le temps de se former, d’échanger et partager avec leurs collègues et la direction de leur établissement sur ces évolutions qui se font plus nécessaires chaque jour. C’est sans parler de l’élu qui, dans une logique financière, décrétera un beau matin, que le cours individuel n’existera plus en premier cycle ! Mieux vaut s’y préparer ; le fait d’avoir expérimenté ces pistes en amont permettra de lui donner les réponses pertinente dont il a grand besoin.
Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage ! Çà et là, de nouvelles pédagogies se mettent en marche, soyons moteurs, en toute modestie, mais non sans fierté.
Elisabeth VAN STRAATEN
Merci pour cette bienveillante analyse de la nécessite d’évolution d’enseignement dans nos établissements.
Quelques élèves de CRI de Chatenay Malabry suivent depuis cet année scolaire les cours de piano collectif à côté de leur cours de piano individuels et bien nombreux ont participé au stage « piano ma non solo » en janvier 2016 avec Fabien et moi-même .
J’espère le revoir chez nous l’année prochaine , si bien évidement le stage , proposé à l’ensemble des élèves des conservatoires de notre nouvelle territoire va être maintenu .
Je remercie à Elisabeth Van Straaten pour ce commentaire
et à Fabien Cailleteau pour son enthousiasme, disponibilité et la qualité d’enseignement , et j’espère de nous retrouver tous autour de piano !
Bien cordialement –
Raminta Neverdauskaité